Bonjour,
Bravo pour ce projet.
Je fais partie d’une asso, et je me dis que la meilleure façon de faire migrer les assos vers le logiciel libre serait de commencer par proposer aux individus des prestations type « clé en main » restant accessibles (oui, je rêve sans doute) ?
Beaucoup de personnes (même si pas tout le monde évidemment) souhaiteraient à titre personnel rendre plus libre et éthique l’environnement de leur propre smartphone ou PC, mais n’ont pas la moindre idée de comment s’y prendre, et ne pourront le faire que accompagnées (vraiment !).
Ayant migré sous linux par conviction et par moi-même (sans compétences informatiques) je peux certifier que c’était une galère, et qu’à ce jour j’en reste une sous-sous-sous-utilisatrice incapable de rétablir certaines fonctions que j’avais sous microsoft (sans regretter mon choix pour autant ).
Pour résumer : à quand une aide à l’émancipation des « simples » citoyens et citoyennes ?
Merci🌷
Cari
Salut !
Je pense que beaucoup des structures présentes dans l’annuaire Emancip’Asso’ peuvent aussi s’adresser à des invidividu·es. En contactant celles proches de chez vous, il est peut-être possible d’avoir une prestation similaire correspondant à vos besoins (ou à ceux de vos connaissances).
(Par contre, ça me fait penser que par exemple, je ne le mets pas spécialement en valeur, puisque je m’adresse avant tout à des structures.)
Il me semble que c’est déjà ce que fait Framasoft au quotidien en proposant des alternatives aux outils des géants du web (voir https://degooglisons-internet.org/) et en animant des ateliers lors d’événements sur toute la France (evenements [Wiki Framasoft]).
Et nous ne sommes pas les seuls à en proposer : c’est aussi ce que font les GULL (groupes d’utilisateurices de logiciels libres), les organisations membres du collectif CHATONS et bien d’autres…
Merci pour vos réponses. Oui, c’est bien grâce à Framasoft que j’ai découvert EmancipAsso. Mais à mon sens, Framasoft s’adresse à des personnes déjà assez autonomes. Quant aux ateliers, merci, car je n’avais jamais vu cette page.
Donc ma question serait plutôt : comment augmenter la visibilité de ces événements et des acteurs de l’émancipation ? dans le monde quotidien (le mien, en tous cas), même si beaucoup de gens souhaiteraient faire autrement, la facilité et le fatalisme l’emportent, car aucune alternative visible ne s’impose ni même ne se propose. L’impression est qu’en dehors de quelques « initiés » qui s’échangent les bons plans en live, les gens ordinaires doivent aller déterrer l’info sur internet, et faire soi-même… la première étape est déjà trop pour la plupart des gens, ne parlons même pas de la 2e, car quasi personne ne se sent compétent. Attention, ce n’est ni une plainte ni une critique, c’est juste la réalité que je constate autour de moi.
Du coup, je vais m’efforcer de trouver et partager des acteurs locaux à titre personnel, mais la question de la visibilité dans la vraie vie me semble à réfléchir.
Bonjour,
Je rejoins Cari.
L’individu peu initié / informé devra faire l’effort de « chercher ». Ce qui - malheureusement- découragera un grand nombre. J’en connais, de tout âge, qui ont une appréhension floue de la situation mais face à l’inconnue, iels sont découragé•es avant même de chercher.
Je partage votre questionnement sur comment rendre plus visibles les alternatives auprès des gens ordinaires. Pour moi, il y a une piste : le bouche à oreille. Plus nous serons nombreu⋅ses à parler et présenter ces alternatives et plus elles seront connues. On le voit avec Signal qui est de plus en plus utilisé en remplacement de What’sApp et Telegram (indépendamment même du contexte spécifique de ces derniers jours). L’autre piste serait que le sujet soit davantage traité par les médias mainstream, mais vu que ceux-ci sont majoritairement détenus par des capitalistes, je doute qu’on y arrive. Une dernière piste serait que l’Etat les valorise… ce qui n’est pas vraiment le cas en dehors des cercles d’initiés.
Chez Framasoft, on va continuer à intervenir lors d’événements dans la mesure de nos possibilités. Mais il ne faut pas hésiter à proposer aux organisateur⋅ices d’événéments locaux de prévoir un stand « numérique alternatif » sur lequel les GULL et CHATONS du coin pourront communiquer…
Oui, c’est aussi se que préconise :
Petites victoires - Redéfinir l’échelle de l’action collective pour transformer le monde
De Philippe Silberzahn
UNE PETITE VICTOIRE EST LE DÉBUT DE TOUTE RÉVOLUTION
Jamais notre monde n’a eu autant besoin de changement et jamais cela ne nous a semblé aussi difficile. Nous sommes persuadés que les problèmes auxquels nous sommes confrontés exigent une action massive, inaccessible aux individus.
Depuis longtemps pourtant, un riche courant de recherche défend l’idée d’une approche incrémentale du changement, c’est-à-dire par petits pas. Une série de petites victoires est plus susceptible de résoudre les problèmes complexes, qu’il s’agisse de la transformation d’une entreprise ou de la lutte contre le réchauffement climatique. Malgré de nombreux succès, ce courant n’a jamais développé de méthode pratique, laissant les activistes démunis.
Petites victoires ambitionne de combler ce manque. Nourri par les trente années d’expérience de l’auteur auprès d’organisations publiques et privées, il vous montre comment décider quelles initiatives poursuivre, s’assurer de leur réussite et propager le changement à l’échelle supérieure.
Merci pour ces nouvelles réponses inspirantes…
Oui, il faut viser des petites victoires, et des petites tentatives, même ratées… que ce soit ou non déterminant, on ne le sait pas, mais les grandes (victoires) ne nous sont de toutes façons pas accessibles ;)).
Il me semble que tout en faisant des petits pas, une vision globale est utile pour mettre les bonnes idées en résonance.
Par exemple, logiciels libres et sobriété : ce n’est pas si systématique de voir ces deux enjeux associés, alors que la donnée la plus libre et la plus écologique est (il me semble) celle qui n’est pas créée. Autrement dit : le bien-fondé de notre activité, même libre, sur internet n’est-il pas à questionner régulièrement (chacun pour soi-même), en partant des aspects les plus impactants comme le visionnage de vidéos par exemple ?
Dans la même veine, se préoccuper de / solliciter activement l’existence d’alternatives pour les démarches administratives et commerciales imposant le smartphone. Toutes ces situations où on nous demande notre n° de tél (forcément portable) avant ou au lieu de nous demander notre nom… Pourtant nous sommes des personnes et nos smartphones sont juste des biens de consommation, est-ce qu’on ne devrait pas pouvoir les utiliser comme et quand nous le choisissons ?
Oui c’est une question facile à poser de comment allier numérique (même non libre) et sobriété. Et en creusant un peu, on en arrive au constat que le meilleur moyen d’atteindre la sobriété en rapport avec le numérique, ce serait de ne pas utiliser le numérique. Mais bien évidemment, c’est tout aussi facile comme réponse mais ne nous avance pas beaucoup plus quand on veut garder un pied dans le monde contemporain. en creusant un peu plus les impacts énergétiques, on en vient au constat que c’est surtout le coût de fabrication des équipements qui a un impact important, plus que les usages.
Quant aux usages du smartphone pour les démarches administratives et commerciales, l’origine du problème (et sa solution) n’est pas tant numérique que politique, au niveau des décideureuses qui choisissent les moyens et les contraintes qui vont avec les procédures. Le problème n’est pas dans le choix de pouvoir utiliser le smartphone comme et quand nous le choisissons. C’est de pouvoir garder un pied dans le monde contemporain (et d’y exercer ses droits) sans avoir à posséder un smartphone !
Ou peut-être creuser un peu + que juste les impacts énergétiques ? et raisonner en consommation de data, lesquelles supposent toutes les infrastructures sur l’ensemble du cycle de vie des équipements.
Il y a production de GES mais aussi : pollution, destruction de sites naturels, captation de ressources, consommation en eau (en quantité, très peu interrogée malgré les enjeux actuels de survie), enjeux sociaux (conditions d’extraction, « recyclage » (en petite proportion)), enjeux de cohésion sociétale, et j’en oublie…
On s’imagine instinctivement que le numérique sert avant tout des enjeux utiles, en mettant des outils révolutionnaires à la portée des chirurgiens, des chercheurs, des astronautes, des personnes en situation de handicap, etc… c’est souvent comme cela qu’il est présenté.
La réalité est que le numérique semble être avant tout, et de loin, du loisir, et surtout de la vidéo. Donc oui, on peut quand même se poser la question du sens que cela a d’abîmer la planète pour visionner des séries en streaming (à chacun.e de répondre pour soi-même).
C’est donc la priorité des usages qu’on peut questionner, et pas le secteur numérique dans son ensemble, pour cibler les économies sur les « postes » les plus consommateurs dans la catégorie loisirs (je parle des individus, car les collectivités peuvent avoir d’autres usages à questionner), et se demander si on peut y substituer un autre loisir plus sobre (numérique ou pas).
Par exemple télécharger un audio plutôt que visionner en ligne, utiliser le cloud avec parcimonie (pas d’impact additionnel quand on stocke ses photos sur son propre PC), etc.
Voir ce lien : https://mouton-numerique.org/immersion-dans-la-materialite-du-numerique/
où on visualise avec du papier toilette "le poids d’une 1h de Netflix en HD (50 feuilles), de l’ensemble des articles francophones de wikipédia (40 feuilles), d’un site web (1/8ème de feuille) ".
Quant à l’usage du smartphone, les deux enjeux me semblent utiles à aborder : le droit à vivre sans smartphone du tout, et le droit, quand on en a un (qu’on a acheté et qui nous appartient) de l’utiliser quand on le choisit, et non parce qu’on y est contraint.e : on ne peut accéder à un service que via une appli, à une connexion que via un code de confirmation, à une info que via un QR code… toutes choses qui en conditionnant l’accès à des services, peuvent finir par constituer une forme de discrimination (par ex pas d’appli, pas de stationnement possible dans certaines rues de Paris où les parcmètres n’existent plus), en contradiction avec une société qui se veut inclusive ? C’est là que la composante politique, en effet, se retrouve en contradiction avec… elle-même.